Christophe de Ponfilly

Une histoire d’amitié et d’humanité

​Auteur, réalisateur, producteur, journaliste et ami, récompensé par de nombreux prix dont le prestigieux Prix Albert Londres, Christophe de Ponfilly avait gracieusement mis à la disposition de notre association Échos-ci, Échos-là les films de l’agence de presse Interscoop dont il fut le co-fondateur avec Frédéric Laffont.

Tout au long de sa carrière, il a réalisé des films magnifiques abordant des sujets très variés : l’Afghanistan, les artistes, la société française, les profs… La qualité de ses films et la rigueur de sa démarche n’en finissent pas d’étonner.
Son indépendance au parfum de dissidence, ses « coups de gueule » aux directeurs de chaînes télévisées pour manifester ses colères et ses frustrations, aux journalistes pour rectifier des contre-vérités qui le blessaient ou à des imposteurs pour dénoncer leurs mensonges lui ont valu d’occuper une place particulière dans le monde du journalisme et de la télévision.

Depuis sa disparition brutale en mai 2006, nous invitons à un rendez-vous annuel avec son œuvre.

Lorsque les vivants deviennent sourds, faut-il se taire ?
Y a-t-il un sens à parler dans le désert du silence des autres ?

Christophe de Ponfilly

Filmographie

Filmographie de Christophe de Ponfilly

Filmographie fiction
• L’étoile du soldat (2006)

Filmographie documentaire
• GIGN, le temps des secrets (France)
• Randonnée en Corse (Corse)
• Massoud et la délégation de l’espoir (Afghanistan, France)
• À la mémoire de Massoud (Afghanistan)
• Mariages et contes de fées (France)
• Vies clandestines, nos années afghanes (France, Afghanistan)
• Chronique d’une petite ville russe en hiver (Russie)
• Paris by night (France), dans la collection «Aux p’tits bonheurs, la France»
• Monsieur le Rabbin (France), dans la collection «Aux p’tits bonheurs, la France» (1999)
• Massoud, l’Afghan (Afghanistan) (dont il existe un coffret Double-DVD sorti aux Editions Montparnasse en 2004)
• Et vive l’école ! (France), dans la collection «Auxp’tits bonheurs, la France»
• Les grandes batailles de Monsieur le Maire (France), dans la collection «Aux p’tits bonheurs, la France»
• La Jeanne s’en va-t-en mer (France)
• A nos profs bien aimés (France)
• L’Ombre blanche au pays des Papous (Indonésie)
• Les derniers Pirates (Caraïbes)
• Les Plumes font leur CirQue (France), dans la collection «Du côté de Zanzi Bar»
• Naître, des histoires banales mais belles (France), dans la collection «Du côté de Zanzi Bar»
• Do ré mi fa sol la si do, les Kummer (Suisse), dans la collection «Du côté de Zanzi Bar»
• Kaboul au bout du monde (Afghanistan), dans la collection «Du côté de Zanzi Bar»
• Chroniques des hauts plateaux (Suisse), dans la collection «Zanzi Bar»
• Télé-Radio-Magie (Burkina Faso), dans la collection «Zanzi Bar»
• Par un bel été russe (URSS), dans la collection «Zanzi Bar»
• W Street (USA), dans la collection «Zanzi Bar»
• Nos enfants de la patrie (France)
• A cœur, à corps, à cris – 3 x 52 minutes – (12 pays)
• Poussières de Guerre – 2 x 52 minutes – (Afghanistan, URSS)
• Autofolies (France)
• Joseph Brodsky (USA et URSS)
• Antoine Blondin (France), dans la collection « Un siècle d’écrivains »
• Massoud, portrait d’un chef afghan (Afghanistan)
• Haute tension (Afrique du sud)
• Une autre façon d’être blanc (Zimbabwé)
• Les damnés de l’URSS et Soldats perdus (Afghanistan, Canada)
• Edmund ou la vie de château (France)
• Les combattants de l’insolence (Afghanistan)
• Une révolution camouflée (Tigré)
• Les rebelles de la brousse (Angola)
• Une vallée contre un empire (Afghanistan)
• Femmes d’Asie centrale (Asie)

Livres
• Lettre ouverte à Joseph Kessel sur l’Afghanistan – Editions Bibilophane
• Massoud, l’Afghan Arte – Editions et Editions du Félin
• Le clandestin – Éditions Laffont
• Les gobeurs de lunes – Éditions Laffont, réédité sous le titre « Scoops »
• Poussières de guerre – Éditions Laffont
• Vies clandestines – Éditions Florent Massot Prix littéraire des DROITS DE L’HOMME 2001
• Chemins d’orient
• Femme en Asie Centrale
• Scoops Editions du félin
• L’étoile du soldat – Éditions Albin Michel

Récompenses
• Prix Albert Londres 1985 (Les combattants de l’insolence)
• Prix spécial du jury au festival du scoop et du journalisme d’Angers (Monsieur le Rabin – 1999)
• Prix spécial du jury au 14ème festival Mondial de Télévision du Japon. (Massoud, l’afghan – 2000)
• Prix Planète, prix spécial du jury et Prix Jury Jeunes au F.I.G.R.A.(Massoud, l’afghan – 1998)
• Prix du Festival dei Popoli (Florence) « meilleur documentaire 98” (Massoud, l’afghan – 1998)
• Grand Prix du festival Montagne et Aventure d’Autrans (Massoud l’afghan – 2001)
• Prix du C.F.A. « meilleur documentaire de l’année” (Les Plumes font leur CirQue)
• Prix Planète Câble décerné par le public et prix spécial du jury au F.I.G.R.A. (Naître, des histoires banales mais belles – 1994)
• Prix UNESCO, Festival international du film d’art 1994 (Do ré mi fa sol la si do, les Kummer)
• Prix spécial du jury à La Nuit des Yeux d’Or de Reuil Malmaison 1994 (Kaboul au bout du monde)
• Prix UNESCO, Festival des programmes africains de Nairobi 1994 (Télé-Radio-Magie)
• Prix du meilleur documentaire 1992 aux Rencontres Européennes de Télévision de Reims (W Street – 1992)
• Prix Unda au Festival International de Monte-Carlo (A coeur, à corps, à cris – 1992)
• Grand Prix du Festival international de journalisme d’Angers 1990 (Poussières de Guerre)
• Aigle d’or du Festival international d’histoire de Rueil-Malmaison 1990 (Poussières de Guerre)
• Mention au Festival Europa 1991 (Autofolies)
• Prix du meilleur film humanitaire 1987, festival du grand reportage de La Ciotat (Les damnés de l’URSS et Soldats perdus)
• Prix international ONDAS 1983 (Une vallée contre un empire)

Hommages

Hommage de Christophe Dauphin

L’ÉTOILE DU SOLDAT
à Christophe de Ponfilly

Boire la vie comme un vin mauvais
entre le pavé et la pierre
l’ortie et l’étoile

Boire la vie qui serre les poings
au fond de cet abattoir
où un cri prend racine

Disperser la caravane des pas
le long du Panjshir
Allonger la nuit dans la vallée de Paryan

Embrasser l’enfant et la femme
qui vont vivre

Devenir le geste de l’ombre
avec au bout d’un doigt
la détente
le soleil du sang

Parier sur l’éternité
Mais plus jamais
sur la douleur

Contre un chêne
Endormir sa fêlure
qui n’a que le vide d’un corps
pour appui

La vie est un court-circuit
qui tue.

Christophe DAUPHIN
Revue Les Hommes sans Epaules

Hommage de Patrice Franceschi

« Christophe était un blessé de la vie, en révolte constante contre les infamies du monde. Pour exister sereinement, il lui aurait fallu une planète idéale et il la cherchait partout en vain, sur les cinq continents et dans toutes les sociétés. Sa caméra était sa lance de Don Quichotte contre les moulins à vent de l’injustice et du malheur ; il la maniait inlassablement dans toutes les plaies qu’il dénichait à sa porte ou au bout de la terre, et quand il en avait refermé une, il en débusquait aussitôt une autre. C’était sa quête. Intensément.

Comme homme de télévision, il ne ressemblait à aucun de ses confrères, ni par les motivations, ni par la manière de travailler. Il prenait le temps nécessaire à tout, c’était sa plus grande richesse, le luxe qu’il s’octroyait dans un univers où la pression du temps devenait progressivement une tyrannie contre laquelle peu résistaient. Alors, il était toujours à couteaux tirés avec les chaînes qui comprenaient mal un tel journalisme – qu’un tel journalisme inquiétait même… Il était tellement hors norme, Ponfilly ! Si intemporel, si décalé, si jalousé souvent. Comme nous tous, il refusait d’appartenir au système, se tenant juste en lisière et, comme nous tous, il payait le prix de cette indépendance. Mais avec ses films, il inventait un style et un ton qui font aujourd’hui référence dans beaucoup d’écoles de journalisme. »

Patrice Franceschi
Avant la dernière ligne droite, éditions Points Seuil

Hommage de Simon Johannin

« S’il y a des jeunes qui, peut-être par provocation, par frustration, expriment une violence en prenant Ben Laden comme héros, comme modèle, c’est souvent qu’ils sont ignorants de l’existence de Massoud. »

Plus de 15 ans après la sortie de Massoud l’Afghan, la violence dont parlait Christophe de Ponfilly lorsqu’il s’exprimait à nouveau sur son film, suite à l’assassinat de Ahmad Shah Massoud, est toujours plus à l’oeuvre. Des marchés de Bagdad aux terrasses des cafés parisiens, les morts sont toujours plus nombreux.
Plus nombreux aussi sont les ignorants.
Ignorants de l’histoire de ce musulman au courage et à la dignité fantastique, de cet espoir d’apporter la paix en Afghanistan. D’apporter, pourrait-on dire aujourd’hui, au vu de la mondialisation des conflits, la paix au monde.
Au lendemain des attentats du 9/9 et du 11/9, Christophe de Ponfilly alertait sur les conséquences à venir dramatiques du traitement par les médias de l’information relative au terrorisme, et de la puissance qu’ils conféraient à Ben Laden en lui consacrant autant d’antenne, banalisant sont discours et le rendant accessible plus qu’aucun autre, ce faisant relais de sa parole en diffusant ses vidéos de propagande, tout ça pour gagner la course à l’audience.
« On fait la publicité d’un homme qui veut nous détruire », disait Christophe de Ponfilly.
Et la publicité, ça marche bien, Palmyre n’existe plus.

Il fait nuit
Nos regards ont les yeux de ceux qui attendent

Quel.le jeune aujourd’hui parti.e vers une guerre sainte et malsaine a vu ces images de Massoud récitant à ses hommes les vers d’un jeune poète afghan ?

Dans la nuit les étoiles scintillent ça et là

Qui, en 15 ans de lutte contre ce terrorisme, a donné la parole à celles et ceux qui, dans le respect de la République, vivent leur religion au plus près de la poésie et de la raison et combattent pour la liberté de tous?

Trempé des larmes de peine et de souffrances
Mon lit se trouve comme posé sur des flammes

Qui prétend encore aujourd’hui émanciper les peuples, les croyantes et les croyants par des voies choisies à leur place ? Pourquoi n’ont ils pas écouté, depuis la hauteur des institutions politiques et médiatiques, la voix de celles et de ceux qui parlent de leur cause en leur propre nom, et dont le but est de vivre libres, et en paix ?

Un rien devient perle s’il atteint le courant de ma volonté
A l’image du jardin à l’approche du printemps

De Moleenbek à Tunis, de Labastide Rouairoux à Istanbul, de Lunel à Sydney, combien sont parti.e.s sur la voie de l’erreur et du désastre, de la guerre et de l’effacement de l’histoire, croyant en la justesse d’une cause embrassée sans pensée critique, puisqu’un seul visage leur en a été montré ?

« Un rien insignifiant. Une goutte de pluie qui n’était rien, quand elle tombe sur la perle, la goutte devient perle. C’est pareil pour le courage. Mon courage est une perle, un rien rejoint mon courage et devient perle ».

Ce sont les mots de Massoud à ses hommes à propos de ce poème écrit en 1997 dans Le Messager, le journal du Panshir, et filmés par Christophe de Ponfilly alors que les moudjahidins luttent contre les talibans.
Moudjahidins, ceux qui décapitèrent le prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray pensaient l’être aussi.

A l’heure où la simple vue d’un pacol, d’une barbe et d’une kalachnikov suffit à construire une image ennemie, où l’on veut nous faire croire que celui qui prie le front collé au sol est un ennemi, les films et les livres de Christophe de Ponfilly sont autant de fenêtres d’où l’on peut tomber, aussi insignifiant soit-on, sur le courage des autres, et être courageux.se. A notre tour, devenir perle.
Etre courageux.se, face à l’opression des minoritées, seule réponse donnée à ces frères, ces sœurs et ami.e.s qui partent, qui tuent et qui meurent.

Du juge Thiel à Monsieur le rabbin, des femmes du Tadjikistan à l’ombre blanche qu’il fut pour les Papous du Pacifique, des jeunes engagés dans la marine française aux vétérans soviétiques de la guerre d’Afganistan, Christophe de Ponfilly n’a cessé de laisser la beauté des femmes et des hommes couler librement dans son travail.
De laisser le champ de la parole libre à celles et ceux dont il raconte l’histoire, qu’il accompagne par ses mots forts, clairs et sensibles pour la porter jusqu’à nous.

Christophe de Ponfilly a quitté la vie il y a dix ans et, comme il le disait en introduction de Massoud l’Afghan, à propos de l’Afghanistan ce pays en guerre qu’il aura fimé jusqu’au bout, tout le monde s’en fout. Ou presque.

Simon Johannin
Écrivain

Hommage d'Alain Mingam

Christophe de Ponfilly n’est plus de ce monde. Et le monde a perdu un grand journaliste, un homme de télévision et d’écriture. Le grand-reporter-cinéaste ne sera plus là demain pour donner du sens aux images dont la profusion – disait-il – nous donne le vertige. Maintes fois primé à travers le monde et Prix Albert Londres en 1985 pour son documentaire Massoud l’Afghan, Christophe n’avait cessé de nous alerter sur les dérives qui menacent notre existence de téléspectateur, de citoyen.
Dans la préface de ta Lettre ouverte à Joseph Kessel, dont tu as été toute ta vie un des plus fidèles héritiers, tu posais la pertinente question : « Lorsque les vivants deviennent sourds faut-il se taire ? Y- a-t-il un sens à parler dans le désert du silence des autres ? » Tu avais raison, Christophe, de nous maintenir en état de vigilance permanente.
Tu nous lègues le noble devoir, qui nous grandit, de faire résonner l’écho de tes propos tout empreints de cruelle lucidité sur la condition humaine, en même temps de grande tendresse pour les hommes – depuis la vallée du Panshir jusqu’aux tréfonds d’un monde de paillettes et de marketing.
Tu avais « trouvé toutes tes histoires avec tes pieds », disais-tu, avec pour compagnons de route Jérôme Bony, Laurent Maréchaux et Frédéric Laffont ton complice et associé d’Interscoop, votre maison de production. Mais c’est toujours avec le cœur et la passion chevillée au corps que tu t’exprimais.
Nous parlerons désormais pour faire de L’Etoile du soldat, ton dernier film et ta première fiction, le succès qui sera l’ultime hommage que nous te devons. Adieu l’ami, notre estime résistera au temps comme ton exemple.

Alain Mingam
Grand reporter,
lauréat du World Press pour son reportage sur l’exécution d’un traître en Afghanistan pendant la guerre contre l’armée soviétique,
membre du CA et du bureau exécutif de Reporters sans frontières.

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Chaque année au mois de janvier, à Labastide-Rouairoux (Tarn) et Prémian (Hérault)

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